Glen Baxter à la Galerie Isabelle Gounod
02.01.21 - 07.02.21
La galerie Isabelle Gounod, située dans le marais, présente l’exposition « Absolutely Baxter » du maitre du rire à retardement, Glen Baxter. C’est comme hors du temps et de l’actualité, dans une bulle à l’abri du monde et de ses tourments que l’exposition nous porte dans l’univers déjanté de l’artiste britannique. Dessinateur, poète, illustrateur ou encore humoriste, Glen Baxter accumule les casquettes qui font de lui un personnage singulier dans le monde de l’art depuis près de quarante ans. Ses dessins permettent une rencontre vertigineuse entre signes visuels et langage poétique, où l’étrange s’invite aux côtés du réel.
Des dessins librement ancrés dans le monde
Au numéro 13 de la rue Chapon, loin du brouhaha des pots d’échappements de la rue Beaubourg, se niche une exposition dont les dessins essaient de tenir la réalité en dehors. L’œuvre de Glen Baxter fait écran à la violence de l’actualité, tout en y laissant une forme de porosité inévitable. Car ses œuvres, bien qu’à la limite de l’absurdité, sont parfaitement dans le monde. Parmi la sélection des dessins de l’exposition opérée par l’artiste –dont la plupart ont été réalisés en 2020 – un seul fait référence au confinement. Les influences de l’actualité semblent incontrôlables mais l’artiste puise sa singularité dans son encrage libre dans le monde. A l’image d’une histoire de Lewis Caroll, tout est complètement fou mais la logique est palpable. Sous son trait léger et naïf - qui rappelle les illustrations des romans pour la jeunesse des années 1930 – voire des « pulp magazines » de la première moitié du 20e siècle –des légendes habiles produisent de nouvelles images aux situations décalées, déroutantes et hilarantes pour l’esprit. Les dessins empruntent des codes graphiques et littéraires qui nous renvoient à la matrice de l’absurde et du non-sens. Une folle liberté que l’artiste s’accorde pour faire voyager l’œil de ses regardeurs et créer le trouble.
A la recherche du frisson chez Glen Baxter
Les dessins récents et plus anciens exposés à la galerie Gounod portent tous cette tension entre signes visuels et alertes écrites. Dans ses œuvres, les mots viennent déstabiliser la vision optique, la bouscule pour la questionner à nouveau, pour la transformer enfin. En découvrant les légendes, le regard est happé par une perte d’équilibre, il est troublé par cette nouvelle réalité. Un vertige que l’artiste assimile « au frisson », une démarche utilisée par les surréalistes et les dadaïstes. Le frisson correspond à cette impression brusque que « le sol se dérobe, que l’on est allé trop vite, que l’on s’est trompé », confie Glen Baxter. Les références littéraires et artistiques qui s’immiscent dans ses dessins sont nombreuses : Raymond Queneau, Lewis Caroll, Samuel Beckett ou encore Raymond Roussel sont des fantômes qui flottent au-dessus de ses œuvres. Entre mots piquants et imaginaire fertile, pensée abstraite et humour subtil, folie de la vie et tragédie existentielle, Glen Baxter s’incarne en « roi du non-sens et de l’absurde » bien décidé à faire frissonner ses regardeurs. Et vous, si vous passiez près de la galerie Isabelle Gounod, seriez-vous prêt à vous essayer au frisson ?